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“J’ai voulu visiter, aussitot, cette sinistre collection de trépassés”.
A la porte d’un petit couvent d’aspect modeste, un vieux capucin, en robe brune, me recoit et il me précède sans dire un mot, sachant bien ce que veulent voir les étrangers qui viennent en ce lieu.
Nous traversons une pauvre chapelle, et nous descendons lentement un large escalier de pierre. Et, tout à coup, j’apercois devant nous une immense galerie, large et haute, dont les murs portent tout un peuple de squelettres habillés d’une facon bizarre et grotesque. Les uns sont pendus en l’air cote à cote, les autres couchés sur cinq tablettes de pierre, superposées depuis le sol jusqu’au plafond. Une ligne de mots est debout par terre, une ligne compacte, dont les tètes affreuses semblent parler. Les unes sont rongées par des végétations hideuses qui déforment davantage encore les machoires et les os, les autres ont gardè leurs cheveux, d’autres un bout de moustache, d’autre une mèche de barbe. Celles-ci regardent en l’air de leurs yeux vides, celles-là en bas; en voici qui semblent rire atrocement, en voilà qui sont tordues par la douleur, toutes paraissent affolées par une épouvante surhumaine. Et ils sont vétus, ces morts, ces pauvres morts hideux et ridicules, vétus par leur famille qui les a tirés du cercuil pour leur faire prendre place dans cette effrayante assemblée. Ils ont, presque tous, des espéces de robes noires dont le capuchon par fois est ramené sur la tete. Mais il en est qu’on a voulu habiller plus somptueusement; et le misérable squeletre, coiffé d’un bonnet grec aà broderies et enveloppé d’une robe de chambre de rentier riche, étendu sur le dos, semble dormir d’un sommeil terrifiant et comique.
Une pancarte daveugle, pendue à leur cou, porte leur nom et la date de leur mort. Ces dates font passer des frissons dans les os. On lit: 1880, 1881, 1882.
Voici donc un homme, ce qui était un homme, il y a huit ans? Cela vivait, riait, parlait, mangeait, buvait, était plein de joie et despoir. Et le voilà! Devant cette double ligne détres innommables, des cercueils et des caisses sont entassés, des cercueils de luxe en bois noir, avec des ornements de cuivre et de petits carreaux pour voir dedans. On croirait que ce sont des malles, des valises de sauvages achetées en quelque bazar par ceux qui partent pour le grand voyage, comme on aurait dit autrefois.
Mais dsutres galeries souvrent à droite et à gauche, prolongeant indéfiniment cet immense cimetiè soterrain.
Voici les femmes, plus burlesques encore que les hommes, car on les a parées avec coquetterie. Les tétes vous regardent, serrées en des bonnets à dentelles et a rubans, dune blancheur de neige autour de ces visages noirs, pourris, rongés par létrange travail de la terre. Les mains pareilles à des racines darbre coupées, sortent des manches de la robe neuve, et les bas semblent vides qui enferment les os des jambes. Quelquefois le mort ne porte que des souliers, de grands, grands souliers pour ces pauvres pieds secs.
Voici les jeunes filles, les hideuses jeunes filles, en leur parure blanche, portant autour du front une couronne de métal, symbple de l’innocence. On dirait des vieilles, très vieilles, tant elles grimacent. Elles ont seize ans, dix-huit ans, vingt ans. Quelle horreur!
Mai nous arrivons dans une galerie pleine de petits cercueils de verre – ce sont les enfants. les os, à peine durs, n’ont pas pu résister. Et on ne sait pas bien ce qu’on voit, tant ils sont déformés, écrasés et affreux, les misérables gamins. Mais les larmes vous montent aux yeux, car les meres les ont vetus avec les petits costumes qu’ils portaient aux derniers jour de leur vie. Et elles viennent les revoir ainsi, leur enfants!
Souvent, à coté du cadavre, est suspendue une photografie qui le montre tel qu’il était, et rien n’est plus saisissant, plus terrifiant que ce contraste, que ce rapprochement, que les idées éveillées en nous par cette comparaison.
Nous traversons une galerie plus sombre, plus basse, qui semble réservée aux pauvres. Dans un coin noir, ils sont une vingtaine ensemble, suspendus sous une lucarne, qui leur jette l’air du dehors par grands souffles brusques. Ils sont vetus d’une sorte de toile noire nouée aux pieds et au cou, et penchés les uns sur les autres. On sirait qu’ils grelottent, qu’ils veulenti se sauver, qu’ils crient “au secours!” On croirait l’équipage noyé de quelque navire, battu encore par le vent, enveloppé de la toile brune et goudronnées que les matelots portent dans les tempétes, et toujour secoués par la terreur du dernier instant quand la mer les a saisis.
Voici le quartier des pretes. Une grande galerie d’honneur! Au premier regard, ils semblent plus terribles à voir que les autres, couverts ainsi de leurs ornement sacré noirs, rouges et violets.
Mais en les considérant l’un aprés l’autre, un rire nerveux et irrésistible ous saisit devant leur attitudes bizarres et sinistrement comiques. En voici qui charment; en voilà qui prient. On leur a levé la téte et croisé les mains. Ils sont coiffés de la barrette de l’officiant qui, posée au sommet de leur fronte décharné, tantot se penche sur l’oreille d’une facon badine, tantot leur tombe jusqu’au nez. C’est le carnaval de la mort, que rend plus burlesque la richesse dorée des costumes sacerdotaux.
De temps en temps, paraìt’il, une tete roule à terre les attaches du cou ayant été rongées par les souris. Des milliers de souris vivent dans ce charnier humain.
On me montre un homme mort en 1882. Quelques mois auparavant gai et bien portant, il était venu choisir sa place, accompagné d’un ami: “Je serai là”, disait-il et il riait.
L’ami revient seul maintenant et regarde pendant des heures entières le squeletre immobile, debout à l’èndroit indiqué.
En certains jour de féte, les catacombes des Capucins sont ouvertes à la foule. Un ivrogne s’endormit une fois en ce lieu et se reveilla au milieu de la nuit. Il appela, hurla, éperdu d’épouvante, courut de tous les cotés, cherchant à fuir. Mais personne ne l’entendit. On le trouva au matin, tellement cramponné aux barreaux de la grille d’entrée, qu’il fallut de longs efforts pour l’en détacher.
Il ètait fou.
Depuis ce jour, on a suspendu une grosse cloche près de la porte.
“Volli visitare subito questa sinistra collezione di defunti.
Alla porta di un piccolo convento di modesto aspetto un vecchio frate cappuccino, col saio marrone, mi accoglie e mi precede senza dire una parola, ben sapendo quel che vogliono vedere gli stranieri che vengono qui.
Attraversiamo una povera cappella e scendiamo lentamente una larga scalinata di pietra. Ad un tratto, vedo davanti a noi una galleria immensa, larga e alta, i cui muri sopportano una vera e propria popolazione di scheletri vestiti in modo bizzarro e grottesco. Alcuni sono appesi affiancati, altri coricati su cinque ripiani di pietra, sovrapposti dal suolo fino al soffitto. Una fila di morti è in piedi sul pavimento, fila compatta le cui teste orribili sembrano parlare. Alcune sono corrose da muffe disgustose che deformano ancora di più le mascelle e le ossa, altre hanno conservato i capelli, altre un po’ di baffi, altre un filo di barba.
Talune guardano in su con occhi spenti, talune in giù; eccone che sembrano ridere in maniera atroce, eccone contorte dal dolore; tutte appaiono sgomente da uno spavento sovrumano.
E sono vestiti, questi morti, questi poveri morti schifosi e ridicoli, vestiti dalla loro famiglia che li ha esumati dalla bara per farli sistemare in questa spaventosa assemblea. Quasi tutti indossano specie di tonache nere, il cui cappuccio, talvolta, è tirato sul capo. Ma ve ne sono che si sono voluti vestire in maniera più sontuosa; ed il misero scheletro, con in testa un berretto alla greca ricamato, avvolto in una veste da camera da ricco benestante, disteso supino, sembra dormire di un sonno terrificante e comico.
Un cartellino da ciechi che portano appeso al collo reca il loro nome e la data della morte. Tali date fanno rabbrividire fino alle ossa. Si legge 1880, 1881, 1882.
Questo è quindi un uomo, o quel che era un uomo, otto anni fa? Questa cosa viveva, rideva, parlava, mangiava, beveva, era piena di gioia e di speranza.
Ed ecco qui! Dinnanzi a questa doppia fila di esseri innominabili, sono ammucchiate bare e casse, bare di lusso in legno scuro con decolazioni di ottone e piccoli vetri che consentono di vedere all’interno. Sembrano bauli o valigie di selvaggi, comprati in qualche bazar da quelli che partono per il grande viaggio, secondo l’antica espressione.
Ma altre gallerie si aprono sulla destra e sulla sinistra, per prolungare senza fine l’immenso cimitero sotterraneo.
Ecco le donne, più strambe ancora degli uomini, in quanto sono state parate con civetteria. Le teste vi guardano, strette nelle cuffie con nastri e merletti, di un candore niveo attorno ai visi anneriti, imputriditi, corrosi dallo strano lavorìo della terra. Le mani,simili a radici monche di alberi, sporgono dalle maniche del vestito nuovo, e le calze che avvolgono le ossa delle gambe paiono vuote. Talvolta la morta calza soltanto scarpe, scarpe smisurate per i poveri piedi rinsecchiti.
Ecco le ragazze, le orride ragazze di bianco vestite, che portano sulla fronte una corona metallica, simbolo dell’innocenza. Sembrano vecchie, vecchissime, tanto sghignazzano. Hanno sedici, diciotto, venr’anni. Che orrore!
Ma ecco che arriviamo in una galleria zeppa di piccole bare di vetro – sono i bambini. Le ossa, apena formate, non hanno resistito. E non si capisce esattamente ciò che si vede, tanto i miseri ragazzi sono deformati, schiacciati ed orrendi.
aaale lacrime vi spuntano comunque agli occhi, perchè le madri li hanno vestiti con i costumini che indossavano negli ultimi giorni della loro vita. Ed esse tornano a rivederli così, i loro bambini! Spesso accanto al cadavere, è attaccata una fotografia che lo mostra così com’era; nulla è più impressionante, più terrificante di questo contrasto, di questo confronto, delle idee suscitate in noi da un simile paragone.
Attraversiamo una galleria più scura, più bassa, che pare riservata ai poveri. In un angolo buio, sono una ventina insieme, appesi sotto un abbaino che manda loro l’aria di fuori a grandi sbuffi improvvisi. Sono vestiti con una sorta di tela nera annodata ai piedi e al collo, e chinati gli uni sugli altri. Si direbbe che tremino dal freddo, che vogliano scappare, che gridino “aiuto!”. Si potrebbe credere che si tratti dell’equipaggio annegato di qualche sballottata ancora dal vento, avvolto in quella tela marrone ed incatramata che i marinai indossano durante le tempeste, e sempre agitati dal terrore dell’ultimo istante, quando il mare li inghiottì.
Ecco la zona dei preti. Grande galleria d’onore! Alla prima occhiata, sembrano più terribili degli altri a vedersi, coperti come sono dei loro paramenti sacri, neri, rossi e viola. Ma se li considerate uno dopo l’altro, un riso nervoso ed irrefrenabile vi scuote di fronte ai loro atteggiamenti curiosi e tetramente comici. Eccone alcuni che cantano, altri che pregano. Hanno alzato loro il capo edb incrociato le mani. Portano in testa la berretta del celebrante, la quale, posata in cima alla loro fronte scarna, ora si inclina sull’orecchio in modo faceto, ora cade fin sul naso. E il carnevale della morte, reso più grottesco dalla ricchezza dorata dei vestiti sacerdotali.
ogni tanto, dicono, una testa rotola per terra, i legamenti del collo essendo stati mangiati dai topi. Migliaia di topi vivono in quel carnaio umano.
Mi mostrano un uomo morto nel 1882. Alcuni mesi prima, allegro ed in buona salute, era venuto a scegliere il proprio posto, accompagnato da un amico: “Sarò lì diceva, e rideva.
L’amico torna da solo adesso e guarda per ore intere lo scheletro immobile, in piedi al posto prescelto.
Durante alcuni giorni festivi, le catacombe dei Cappuccini vengono aperte allafolla. Una volta, un ubriacone si addormentò all’interno e si risvegliò nel bel mezzo della notte. Chiamò, urlò, sconvolto dallo spavento, corse da tutte le parti, cercando di scappar via. Ma nessuno lo sentì. Lo si trovò al mattino, talmente aggrappato alle sbarre del cancello d’ingresso, che ci vollero lunghi sforzi per staccarlo.
Era impazzito.
Da quel giorno, hanno sistemato una grossa campana accanto alla porta.